Raison d’Etat

Que de sans a coulé en vain
Dont se sont baffrés tous ces chiens
Ces fossoyeurs impitoyables
Larbins des flics et des notables
C’est tout le Paris populaire
Qui avait traversé tant de guerres
Que froidement on décapite
A partir de juin 48
Les barricades se levaient
Au son du tambour qui roule
Tandis que quelques vieux croulants ordonnaient
De faire tirer dans la foule

Souviens toi, Parisien
Souviens toi jusqu’à la fin
Souviens toi, Parisien
Souviens toi des journées de juin

Et Napoléon le petit
Profitant du désordre ambiant
Déclara sauver le pays
En se proclamant prince président
Les survivants reprirent les armes
Les barricades furent remontées
Et dans un immense vacarme
On lança des assauts désespérés
Vous verrez bien tout à l’heure
Comment on peut mourir
Pour vingt-cinq francs par jour
S’écriait le député Baudin
Juste avant que vienne son tour

Souviens toi, Parisien
Souviens toi jusqu’à la fin
Souviens toi, Parisien
De la mort du député Baudin

Et la sanglante répression
Ne se fit bien sûr pas attendre
Exécution sans sommation
Des insurgés venus se rendre
On fit tirer sur les fenêtres
Fusillades des boulevards
Ordonnant de viser les têtes
De tuer femmes, gosses et vieillards
Bourgeois, soldats comme artisans
Etudiants, jeunes gens et ouvriers
Furent écrasés dans le sang
On massacra les prisonniers

Souviens toi, Parisien
Souviens toi jusqu’à la fin
Souviens toi, Parisien
Du 2 décembre 51

Et puis l’Empire s’effondra
Comme s’effondrent tous les empires
Sedan fut sa Bérézina
La capitulation, son dernier soupir
Le changement se fit en douceur
La IIIe sut prendre le relais
Massacrant avec bon cœur
Quelques trente-cinq mille fédérés
Souviens toi que les boulevards
Sont rouges du sang des Communards

Souviens toi, Parisien
Souviens toi jusqu’à la fin
Souviens toi, Parisien
Des fusillés du petit matin

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