Demi-saison

Etrange dérive lente et tranquille
Déclin discret entre deux eaux
Marais éteints, pentes faciles
Parmi les massifs de roseaux
Visions brouillées, évanescences
Une léthargie maladive
Les plus mortelles décadences
Sont toujours les plus lascives

Même les immenses nénuphars
Ont à présent l’air malade
Dans cet à-peu-près cauchemar
Tout en nuances maussades

Changer lentement de substance
Virer peu à peu au végétal
Sans chaleur et sans souffrance
Dans l’aigreur d’un vent matinal
Délirer sans discontinuer
Savourer doucement sa fièvre
En se laissant ballotter
Dans ces demi-teintes un peu mièvres

S’abandonner dans ces eaux mortes
Où frissonne un dernier courant
Dont on ne sait trop où il porte
Ni s’il existe vraiment
Perdre encore un peu la raison
S’engourdir sur ces ondes lisses
Dans cette onirique flottaison
Comme un éternel Osiris

Etrange dérive lente et tranquille
Déclin discret entre deux eaux
Marais éteints, pentes faciles
Parmi les massifs de roseaux
Visions brouillées, évanescences
Une léthargie maladive
Les plus mortelles décadences
Sont toujours les plus lascives

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